Aujourd’hui, 1eravril, mon petit-fils reçoit ce mail de sa maîtresse de CM1…
Imaginez sa tête quand il l’a lu… Je ne résiste pas au plaisir de vous le faire partager… Un peu d'humour ne fait pas de mal en cette période confinée..
« Bonjour à tous mes élèves !
J'espère que vous allez bien, et que vous supportez bien le confinement ! Aujourd'hui, c'est mercredi, et j'ai décidé de vous faire travailler tous les jours de la semaine. Comme nous sommes confinés, je ne peux pas voir chacun comme je le fais en classe, alors j'ai décidé de venir vous voir chez vous (avec un masque et des gants, bien sur !). Comme ça, je vais vérifier tout le travail de lundi et mardi, et te préparer un peu pour la dictée de jeudi. Je ne peux pas vérifier le rangement de ton casier, alors je vais venir vérifier le rangement de ta chambre. Fais bien attention à faire ton lit, ranger ton pyjama et ranger tous les jouets qui trainent ! Comme ça risque de prendre du temps, je reste manger chez toi (j'ai déjà vu avec tes parents, ils sont d'accord!) et ils vont me préparer le plat que tu vas découvrir dans le texte en pièce jointe ! Bonne lecture et à tout à l'heure ! »
Le confinement, c’est bien, on peut enfin s’occuper de son jardin.
Enfin, c'est bien... c'est à voir... je n’ai plus que 3 doigts de valides:
Mon auriculaire a chopé un eczéma galopant à force de tripoter la terre, mon pouce a un énorme pinçon vu que cet âne est resté entre les deux poignées du sécateur alors que je taillais l’olivier, mon majeur a une énorme fente et je ne vous parle pas de mon index…
Bref, ils ont tous un pet.
Mes genoux semblent définitivement rouillés et grincent chaque fois que je les sollicite, impossible de les plier.
Ma hanche gauche est complètement tallée, vu que je suis tombé dans l'olivier quand mon pied a tourné sur une branche.
Si j’ai encore 2 yeux, je le dois uniquement à mes lunettes, la branche du pin ayant choisi de frapper d’abord mon casque de chantier (merci mon dieu de m'avoir donné cette idée de me protéger la tête) pour venir s’écraser sur mes lunettes de protection.
Avec en plus le foulard sur la bouche pour me protéger des pollens, je ressemble à un cosmonaute russe.
Mais c’est pas le plus grave…. non !!!
Ce qui me fait le plus mal, c’est d’être la risée de tout le jardin.
Quand je passe, les rosiers tournent la tête pour pouffer de rire.
J’ai entendu mon cerisier dire à son voisin le laurier tin : "c’est le bal des éclopés" puis, en passant auprès du cyprès je l’ai entendu murmurer :"prends ton temps, je ne suis pas pressé, je distribue mon pollen".
Alors bien sûr, depuis leur 60m2 au 8ème étage avec ou sans balcon, les gens pensent "mais qu’est ce qu’il a à râler cet animal ?"Il est confiné dans un jardin de 5000 m2 avec piscine et encore il rouspète !!!!!!!
Ben oui ! Vous au moins, vous confinez et personne ne vous juge.Vous ne connaissez pas votre bonheur.Vous vous levez quand vous voulez vu qu’il n’y a rien à faire.Vous n’avez mal nulle part et en plus vous n’êtes la risée de personne.
Bon allez, je vais demander à ma femme de m’enlever cette épine de pyracantha qui s’est plantée dans mon coude droit.
Hier après-midi, notre fournisseur de croquettes pour le chien nous a téléphoné pour nous dire qu'il avait été enfin livré. Il était temps car la réserve de nourriture baissait terriblement et nous sentions que la restriction allait arriver à grands pas.
J'ai donc décidé de sortir la voiture pour aller chercher la pitance du toutou.
Il faut dire que cela faisait plus d'une semaine que la voiture n'était pas sortie du garage : allait-elle démarrer?
Oui, c'est fait. Je sors la voiture, referme la porte du garage et, muni de mon attestation magique, me voilà sur la route pour aller à Pont-de-joux.
Tout de suite, je me suis senti mal à l'aise. Comme si l'air de l'extérieur, passé les limites de la propriété, était agressif, synonyme d'attaque de virus. Pourtant, dehors il n'y a presque pas de voitures. Il y a bien quelques gendarmes autour du rond point d'Intermarché, mais rien de significativement dangereux.
Un quart d'heure plus tard me voici devant le hangar où je vais prendre les fameuses croquettes. Il est fermé car il est neuf heures moins cinq. En attendant, je décide d'aller à Biocoop voir si je peux acheter six oeufs frais? Eh bien, non. C'est impossible. A croire que le coranavirus empêche les poules de pondre. Je ressors donc du magasin et me dirige à nouveau vers le hangar. Il y a déjà trois voitures avant moi. Il n'y avait donc pas que mon chien qui allait être en rupture d'alimentation. Tout le monde respecte les barrières préconisées, chacun parle de son confinement, il n'y a que les chiens qui ont accompagné leur maître qui courent de-ci de-là, sans se préoccuper des distances de sécurité. Puis enfin vient mon tour. Le gérant charge les croquettes dans le coffre que j'avais au préalable ouvert, il ne touche pas le hayon pour me laisser le soin de fermer.
Je paye, non sans avoir pris le soin d'enfiler des gants en plastique qu'il met à disposition de ses clients. Et je remonte dans mon bolide pour vite rentrer à la maison (il paraît qu'il ne faut pas dépasser une heure).
Ouf, 9h45 j'ouvre la porte du garage. Et je me remets en sécurité chez moi.
C'est maintenant le temps de la réflexion. Une semaine passée en confinement et j'ai peur de sortir du périmètre familial. Une semaine confiné et je ne suis plus à l'aise avec le contact des gens. Comment serai-je quand ils vont me libérer? J'ai dit libérer? Mais que doivent ressentir les prisonniers qu'on libère après une lourde peine?
Samedi 27 mars, conférence de presse sur le coronavirus. Je suis ébahi par les discours affligeant de nos dirigeants. Ils nous noient sous les chiffres, alors que ce que l'on souhaite, c'est qu'ils s'occupent enfin de notre vie et qu'ils fassent le nécessaire pour la maintenir dans les meilleures conditions possibles.
Tout a commencé il y a bien longtemps, et nous sommes tous coupables de n'avoir pas agi à ce moment là. Roselyne Bachelot avait correctement fait son travail, nous avions des masques de protection en quantité largement suffisante pour pouvoir agir en cas de pandémie internationale. Certains élus, mais peut-être la plupart, ont pensé que cela avait été du gaspillage d'argent public. Ils ont décidé, sur le principe des économies financières, de dilapider petit à petit le stock, sans le faire se renouveler. Nous n'avons pas réagi lorsque ce débat a eu lieu, et Roselyne Bachelot a décidé de se retirer et de faire intermittente du spectacle. Elle a bien fait car si elle avait porté le débat et mener le combat, cela n'aurait rien changé : tous nos politiques de droite comme de gauche étaient d'accord, tous les spécialistes financiers qui fréquentent les plateaux télé avaient également ce point de vue. Comment ne pas penser que derrière cette vitrine multiple se cache un groupe unique de penseurs.
Aujourd'hui, l'heure est grave. Le coût de cette impéritie est énorme au point de vue humain, mais aussi économique et social. Qui aurait pu penser qu'une si petite chose invisible, et que des masques, somme toute, basiques puissent avoir de telles conséquences.
Mais nous avons aussi décidé, que sous l'argument de la non rentabilité, on devait fermer des pans entiers de services hospitaliers publics en laissant le champ libre au privé qui devait venir en remplacement. Il faut bien admettre que ce n'est pas vraiment le cas et que le déficit est patent. La passation de public au privé semble donc ne pas être la solution idéale : il faut donc que nos gouvernants, économistes financiers écoutent de nouveaux spécialistes économiques pour envisager des solutions adaptées au XXIème siècle.
On a également délocalisé les fabrications de produits technologiquement pointus, comme les respirateurs, et basiques comme les masques, et chimiquement connus, mais pas suffisamment rentables comme les produits de détection et nous nous retrouvons à la merci de pays producteurs qui sont devenus incontournables internationalement. Nous passons à la queue comme tout le monde.
Nous devons tous réfléchir à notre responsabilité d'avoir laissé faire.
L'Europe doit être la solution, et donc nous devons revoir la délocalisation de la fabrication de certains produits, nous devons penser délocalisation en Europe et déterminer les produits stratégiques pour l’Europe et faire la fabrication en fonction des besoins globaux de l’Europe et s'appuyer sur des statuts solidaires européens.
L'Europe ne doit pas se faire seulement autour de la finance et de l'économie mais mettre en avant la solidarité et les aspects sociaux qui sont totalement absent au vu de ce qu'il se passe aujourd'hui.
Espérons que nous sortirons de cette crise, grandis par la réflexion, le retour au bon sens, qui n'est pas forcément celui que je viens d'exprimer, mais qui puisse tenir compte de l'humain, du social et de l'abandon d'un égocentrisme et des lobbys économiques actuels qui semblent décider du sort du monde.